SURF PREVENTION : Santé et Surf
Surf Prévention sur facebookSurf Prévention sur TwitterVidéos Surf Prévention sur VimeoVidéos Surf Prévention sur Youtube
Interviews
Quels sont les problèmes que les surfeurs rencontrent au niveau de leurs pieds ?

Réponse de François HAURET, podologue, surfeur et speed saileur

La pratique régulière d'un sport quel qu'il soit fait courir un risque pour nos pieds, surtout s'il se pratique pieds nus. Si le surfeur ne se positionne en station debout qu'un court instant, il n'en demeure pas moins exposé à certains dangers pour les extrémités de ses membres inférieurs. Les surfeurs sont un cas à part dans la mesure où les risques de lésions dermo-épidermiques sont très élévés en dehors du temps passé sur leur planche. La situation géographique, même topographique est la cause principale des agressions mécaniques de la face plantaire du pied. La traumatologie articulaire et musculo-tendineuse du pied est liée au contact de la planche de surf en tant que support plantaire.

Concrètement, les piqûres animales rencontrées en surfant sont les plus douloureuses. Les échinodermes plus connus sous le nom d'oursins pénètrent de façon profonde la plante du pied du surfeur de spots rocheux. Les épines cassent et abandonnent leurs extrémités dans les tissus sous-cutanés, entraînant oedème, rougeur et douleur irradiante. La difficulté est d'extraire les épines du fait du caractère friable des piquants.

Trachinus draco et Echiichthys vipera sont les noms scientifiques des vives qui sont enfouies sous le sable des beach-breaks. La symptomatologie montre une douleur immédiate et intense, qui débute au point de piqûre, puis s’étend à tout le membre (la jambe en particulier chez les surfeurs). La piqûre provoque des sueurs, des nausées, des vomissements et une lipothymie (angoisse , malaise ) dans les cas extrêmes. Devant une piqûre de vive, la conduite à tenir est simple : placez le membre touché en position surélevée. Enlevez de la plaie les éventuels débris qui pourraient s'y trouver. Appliquez le plus tôt possible une source de chaleur sur la plaie ou à proximité immédiate de celle-ci en évitant de brûler (le venin est détruit par une chaleur supérieure à 56°C) : le bout incandescent d'une cigarette fera l'affaire et laissez-le en place pendant environ 10 minutes (note de Surf Prévention : approchez la cigarette sans toucher la lésion). Si vous ne disposez pas de cigarettes mais si vous pouvez vous procurer de l'eau chaude, faites tremper le membre atteint dans de l'eau très chaude ( note de Surf Prévention : mais pas bouillante non plus pour éviter les brûlures) pendant au moins 20 minutes. Pour les oursins, ne rien faire seul, car la face plantaire du pied est peu accessible et visible par soi-même. Il vous faudra impérativement consulter un médecin, ou un podologue qui vous retirera les piquants.

Les coupures sont fréquentes dans la pratique du surf. Petites, ou profondes elles sont le résultat d'un contact involontaire plus au moins violent sur les rochers ou le récif corallien. Les coupures dues au corail peuvent devenir très problématiques pour les surfeurs qui ne se soignent pas. Les bactéries présentent dans les coraux peuvent infecter la blessure. Le matériel de surf est parfois la cause de vilaines entailles. On ne compte plus les plaies de dérives sur le dos du pied, et même parfois des coupures de fibres de verre, quand la stratification de la planche casse. Le port de chaussons est un bon moyen préventif pour le surf sur les reefs. Les égratignures seront soignées après un bon rinçage avec un antiseptique puissant comme la bétadine.
Pour les plaies profondes, prenez immédiatement la direction des urgences.

Le danger pour les pieds est souvent hors de l'eau. Le trajet menant le surfeur de la zone d'habillage à la vague est extrêmement accidentogène. Les pieds sont alors le siège de brûlures causées par la chaleur du bitume en été. De même ce trajet est propice à la pénétration de corps étrangers en tous genres, principalement des cristaux de verres invisibles sur les radiographies et seulement repérables sous la lampe du podologue. Le plus souvent le surfeur ne ressent pas la piqûre et n'est alerté que plus tard par une légère douleur et inflammation locale. Ici la prévention prévaudra ! Restez chaussé jusqu'au bord de l'eau. En cas d'accident, prendre là encore la direction des urgences. 

Lire aussi les conséquences quand on marche sur une aiguille ou sur une bouteille en verre.

Les appuis directs sur la planche de surf sont parfois à l'origine de douleurs, mais uniquement si la pratique est poussée de façon radicale et aérienne. Aujourd'hui il n'est pas rare de rencontrer en cabinet de jeunes surfeurs souffrant principalement de métatarsalgies au niveau de l'articulation métatarsophalangienne (MTP) du gros orteil (GO), ou de talalgies plantaires. Le siège de prédilection étant l'articulation MTP du GO, on rencontre de nombreuses entorses, des bursites et plus rarement des sésamoïdites. 

Dix sept ans d'études de cas cliniques en rapport avec la pratique du surf, m'ont permis de mettre en évidence un lien entre l'hallux valgus (HV) traumatique du surfeur et la position du GO du pied arrière. Très souvent le pied se positionne en pronation sur l'arrière de la planche, accentuant la déviation latérale externe du GO. 

Enfin des ongles mal taillés et trop longs conduisent au retournement de ces derniers. Je pense qu'il est préférable d'équiper l'arrière de sa planche d'un pad assez épais, et d'avoir des ongles courts.

L'arrivée de figures comme le floater ou l'aérial ont causé un grand nombre d'entorses et même de fractures sur l'articulation tibio-tarsienne. La pince bimalléolaire n'autorisant grossièrement qu'un mouvement de flexion dorsale et d'extension, on comprend le risque qu'endure la cheville dans la pratique d'un sport dont le sens de déplacement est celui de l'axe de l'articulation, soit perpendiculaire au mouvement articulaire. Dans les chocs les plus violents, le pied en arrive à des positions en varus ou valgus forcés, déchirant ligaments latéraux, voire fracturant tibia ou péroné dans leur extrémité inférieure.

Le surf pratiqué à un niveau pro, montre de nouvelles pathologies chroniques. La fasciite plantaire arrive en tête chez les pros. Surfer de façon intensive, en particulier sur des vagues longues, associé à des troubles statiques des pieds, entraîne une inflammation du complexe suro-achiléo-plantaire. Le plus souvent, les excès de charges ou d'étirements sont responsables de la fasciite plantaire. De petites déchirures se produisent alors dans le fascia plantaire. L'inflammation apparaît pour réparer la membrane fibreuse, mais cause aussi une douleur aiguë et persistante qui risque de produire d'autres dommages au pied.

En conclusion, je dirais que le pied est la cible de fréquentes blessures en surf. Il convient donc de rester chaussé hors de l'eau et parfois même dans l'eau si le spot est un reef. Comme toutes pratiques en compétition, le surf demande une préparation physique. Tout excès se paie chèrement et mène à l'arrêt temporaire de l'activité.

Une visite annuelle chez un podologue reste une très bonne démarche, et permet au surfeur de faire un bilan podologique de sa statique, ainsi qu'un examen clinique de ses pieds. 

Les pieds restent essentiels dans la pratique de ce sport, grâce à la stabilité qu'ils apportent, mais également au rôle sensitif qu'il jouent dans la proprioception nécessaire à l'equilibre du surfeur dans ses manoeuvres. Surf ou pas, ce sont nos pieds qui nous maintiennent debout. 

Réagissez à ce sujet sur le forum.



Propos recueillis et mis en ligne par Surf Prévention le 29 janvier 2009.

Qui sommes-nous ? - © Surf Prévention - Mentions légales - Une réalisation Webplanete.com