SURF PREVENTION : Santé et Surf
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Interviews
Existe-t-il une pathologie de la hanche du surfeur?

Réponse de Xabi Lafitte, kinésithérapeute et surfeur

Le surfeur sollicite ses membres inférieurs sur les vagues. Le surf engagé actuel expose surtout les articulations des genoux et de la cheville aux traumatismes quand il pousse ses manœuvres ou tente des figures aériennes. On connaît beaucoup moins la pathologie de la hanche chez le surfeur. Xabi Lafitte, surfeur reconnu et kinésithérapeute étudie actuellement le sujet.



"En ce moment,  je me penche sur la coxarthrose (arthrose de la hanche) chez le surfeur pratiquant depuis plus de 20 ans de manière assidue.

Je suis d'autant plus intéressé que l'on m'a diagnostiqué une coxarthrose il y a quinze ans maintenant. Dernièrement, j'ai eu l'occasion de faire des bilans et des traitements en chaînes musculaires à d'autres surfeurs avec le même problème. Certains surfeurs de ma connaissance ont pratiqué le surf de manière assidue à un haut niveau. Nous avions tous des souvenirs d'une réception douloureuse d'une manœuvre, le plus souvent un floater, qui se termine en grand écart. Pour moi, il y a eu fracture du cotyle avec impossibilité de marcher dans les semaines qui ont suivi.
Maintenant que le surf est beaucoup plus aérien je pense que ces traumatismes seront de plus en plus fréquents.

La hanche est le carrefour de plusieurs chaînes musculaires, celle d'extension que l'on utilise lors des phases d'allègements, celle de flexion pour mettre pression sur la planche et avoir un gain de vitesse en haut de vague, mais surtout les chaînes croisées d'ouverture et de fermeture qui permettent les rotations des épaules par rapport au bassin (à chaque virage les épaules anticipent le mouvement qui est transmis jusqu'à la planche) mais aussi lors de tous les transferts de gravité entre les deux pieds. Toutes ces chaînes sont utilisées de manière très répétitive et puissante dans les enchaînements de manoeuvres. Une chaîne très recrutée peut perdre une possibilité d'allongement et donc mettre en contrainte un niveau articulaire.
Donc si une lésion cartilagineuse est déjà présente, et que des chaînes autour sont rétractées, cela va favoriser un développement arthrosique sur l'étage en question mais aussi des compensations à proximité ; en ce qui concerne mon cas personnel, j'ai eu une méniscectomie interne à l’âge de 18 ans.
Même si la prothèse de la hanche est celle qui marche le mieux et que les injections type visco supplémentation peuvent améliorer un tableau dégénératif, il est essentiel d'identifier précocement les zones de tensions  sur les chaînes les plus recrutées dans l'activité. Et donc de définir un programme d'auto-étirement pour préserver l'articulation et retarder l'inévitable évolution arthrosique.

Depuis que j'ai pris conscience de ces chaînes croisées et que je les gère au quotidien, j'ai récupéré des amplitudes. Alors qu'avant je ne pouvais pas me mettre en « grab the rail » à cause de la douleur articulaire (je ne suis toujours pas un expert de dos dans le tube), la position m'est maintenant possible car j'ai récupéré de la possibilité d'allongement musculaire autour.

Les crises arthrosiques sont moins fréquentes car j'anticipe par des stretchs surtout après les sessions de Stanp Up Paddleboard  et pourtant les dégâts articulaires sont toujours là. 

Pour finir sur une note positive, je connais aussi des patients qui surfent avec une prothèse, mais le plus tard sera le mieux !!!

Maintenant je dois faire des bilans sur les membres de l'équipe de France de surf. Le but est de définir des stratégies musculaires différentes, entre les front et les backfoot et ainsi essayer de mettre en place une prévention adaptée".
Xabi Lafitte nous tiendra au courant de ses recherches prochainement sur Surf Prevention.

Interview mise en ligne le 7 Juin 2008.
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