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Interviews
A quel type d’attaques de requins les surfeurs sont-ils exposés?

Réponse du Docteur Géry Van Grevelynghe, médecin, spécialiste des requins.

Les attaques de requins successives ayant conduit aux décès de deux surfeurs en l’espace d’un mois au Mexique relancent le débat sur la surexposition des surfeurs à une attaque de requin mortelle. Le Docteur Géry Van Grevelynghe, auteur d’une thèse sur les accidents liés aux attaques de requins et auteur d’un ouvrage de référence sur les requins, nous donne des éléments pour comprendre à quels types d'attaques les surfeurs s'exposent en pratiquant dans des zones à risques.
 
« La plupart des séries montre que l'activité pratiquée joue un rôle prépondérant dans la probabilité et le type d'attaque enregistrée.
On peut distinguer classiquement deux types d'attaques en fonction de l'activité des victimes et de l'espèce concernée :

- les attaques regroupant : les percussions simples, les dermabrasions par frottement, et surtout les morsures peu profondes, non alimentaires directes (le plus souvent "mordu-relâché"), qui sont l'œuvre majoritairement d'espèces ichtyophages souvent de taille modérée ou petite (C. amblyrhynchos*, C. wheeleri*, C. melanopterus*, C. albimarginatus*, Triaenodon obesus*, etc), visant un poisson ou un autre stimulus à proximité de la victime. Ces attaques sont déclenchées par un comportement territorial, de défense ou une excitation alimentaire (chasse sous-marine, shark feeding, frénésie, captures etc.), et concernent le plus souvent des chasseurs sous-marins, des pêcheurs à pied, des plongeurs sous-marins, des soigneurs en aquarium, etc.

- les attaques par morsures profondes et délabrantes, voire à l'emporte-pièce (avec perte de substance), de type alimentaire directe, qui sont l'œuvre de requins macrophages de taille moyenne (ex : C. leucas*) ou grande (G. cuvier*, Carcharodon carcharias*), qui concernent classiquement des surfeurs, baigneurs, véliplanchistes, dont la silhouette en surface est confondue avec celle d'une proie habituelle (tortue, dauphin, otarie, carcasse flottante, etc.).
Dans ce dernier cas, la taille des espèces impliquées, leur denture, leur motivation, voire leur technique de chasse, sont autant de facteurs aggravant les conséquences de l'assaut.

Il n'en demeure pas moins que des cas différents de ces deux descriptions classiques sont enregistrés (exemples : attaque mortelle de chasseur sous-marin, ou bénigne de surfeurs), mais elle demeurent minoritaires.

Enfin, il existe des cas à part concernant les naufragés que l'on ne peut définir comme "pratiquant une activité", et qui sont victimes principalement d'espèces pélagiques telles que C. longimanus ou P. glauca*.

Il apparaît donc que c'est de la conjonction de la présence dans la même zone d'espèces macrophages d'eaux tempérées-froides (ex : Grand blanc) ou tropicales (ex : Tigre ou Bouledogue), et d'activités capables de leurrer ces espèces (sport de glisse en zone de déferlement), surtout quand la visibilité est réduite (turbidité, heure tardive, etc.), que découle le risque d'accidents gravissimes ». 
 
 
Géry Van Grevelynghe est l’auteur du livre de référence : « Tous les Requins du Monde, 300 espèces des mers du globe » aux éditions Delachaux et Niestlé.
 
 

*Notes de Surf Prevention :
Carcharhinus amblyrhynchos : nom scientifique du requin gris de récifs.
C. wheeleri : requin à queue noire.
C. melanopterus : requin à pointes noires.
C. albimarginatus : requin pointes blanches de récifs. 
C. leucas : requin bouledogue.
C. longimanus : requin océanique
Triaenodon obesus : requin corail.
Galeocerdo cuvier : requin tigre.
Carcharodon carcharias : Grand requin blanc.
Prionace glauca : requin peau bleue.


Crédit Photo portrait : S.Van Grevelynghe.

Interview mise en ligne le 8 Juin 2008.
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