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HUGO VERLOMME BODYSURFEUR ET ÉCRIVAIN NOUS PARLE AVEC SON STYLE INCOMPARABLE DES JOIES DU BODYSURF ET DE SES DANGERS...

Je ne me sens jamais aussi petit et vivant que lorsque je fais du bodysurf. Petit comme un grain de plancton bercé par la houle, puis propulsé sur terre par les vagues. Car c’est très probablement ainsi que la vie est arrivée sur terre : en « bodysurf » ; tout comme les tortues de l’Île de Pâques qui bodysurfent pour venir pondre sur la plage. Et cette sensation d’être minuscule, alors qu’on se trouve immergé dans un grand corps vivant, me procure la sensation d’être follement vivant, comme lorsqu’on fait l’amour. Tous les sens sont sollicités et nous sommes immergés dans quelque chose de beaucoup plus grand que nous : l’océan, source de la vie, clef du futur…

L’excitation que l’on ressent à évoluer « nu » dans l’océan parmi les vagues est proportionnelle aux peurs qu’on peut y vivre. Il existe un rapport direct entre la taille de la vague et la taille du corps humain, comme l’explique le génial physicien Garrett Lisi. Car en bodysurf, le corps est la planche. On ne peut donc pas, comme en surf, choisir un long ou short board en fonction des vagues. À un certain moment, il y a une adéquation entre le corps et la vague. Un rapport organique existe alors entre nous et elles, les vagues, une vibration commune qui – à mon sens – est une forme de communication avec l’océan.

En bodysurf, on est forcément confronté à son propre niveau, car il faut d’abord franchir la barre à la nage, ce qui donne instantanément une idée de la puissance des vagues. En bodysurf, point de planche pour se reposer ou se cramponner afin de reprendre son souffle à la surface. (Même à 40 cm sous l’eau, la pression est assez forte pour gêner les poumons). Tout se fait à la force des jambes et des bras. Et avec une connaissance accrue du milieu, shore-break, baïnes, cailloux, courants, séries, etc. En surf, les débutants peuvent se lancer dans des vagues qui les dépassent, en bodysurf c’est moins probable.

Le bodysurf c’est avant tout l’immersion totale. Au line-up, seule la moitié de la tête dépasse de l’eau, que l’on goûte constamment et que l’on boit à l’occasion… pour le meilleur et pour le pire ! Les yeux et les oreilles, particulièrement fragiles, sont en contact permanent avec l’eau de mer et donc très exposés. Le bodysurfeur sera donc plus sujet aux exostoses et conjonctivites, mais aussi aux pollutions de toutes sortes, par la bouche, les yeux et les oreilles. Le bodysurf est un sport très esthétique. La vision des vagues à ras de l’eau est radicalement différente de celle des surfeurs, perchés là-haut sur leur planche. Le fait d’être allongé permet également, comme en bodyboard, de pénétrer à l’intérieur de tubes, même lorsqu’ils sont petits, ce qui peut donner lieu à de magnifiques visions. Cette esthétique suppose cependant qu’on garde les yeux ouverts quasiment tout le temps, y compris au cœur de la vague, et je suis bien souvent ressorti de l’eau avec des yeux de lapin !

Quant au reste du corps, il est en contact constant avec l’eau et donc plus exposé au froid, mais aussi aux variations de pression. Ainsi, j’ai remarqué un fait étonnant : lorsqu’on attend les vagues, une légère envie d’uriner peut parfois précéder de quelques secondes l’arrivée d’une série. Un vrai signal d’alarme. Selon moi, cela proviendrait de variations de pression dues aux vagues qui s’approchent, que l’on ressent au niveau de la vessie !

Et pour se réchauffer, je ne connais rien de mieux que le massage sensuel d’une vague pendant un « ride » de bodysurf (à condition, toutefois, de ne pas porter de combi !), toute cette eau qui roule sur le corps et frotte la peau. L’attente d’une vague peut nous glacer, mais après l’avoir bodysurfée, on est chaud bouillant et prêt à recommencer de suite.

Mais soyons clairs : le vrai danger en bodysurf, ce sont les surfeurs. Les surfeurs debout, sur leurs grosses planches dures et pointues, lancées à pleine vitesse sur nos petits crânes d’œuf. Souvent, les surfeurs ne nous « voient » pas. À leurs yeux, nous sommes de simples baigneurs égarés ou des objets flottants en travers de leur course. Pour eux, nous ne représentons jamais un danger. Certains bodysurfeurs choisissent ainsi de porter un casque lorsqu’ils se mêlent de près aux surfeurs. Moi j’aime n’avoir que le minimum. Il est frappant (et quelque peu inquiétant) de voir à quel point la plupart des surfeurs ne « calculent » pas les bodysurfeurs, ni au niveau de la priorité, ni au niveau de la sécurité.

Lorsque vient la saison estivale, les bodysurfeurs connaissent un peu de répit et de liberté en profitant des zones de baignade d’où les surfeurs sont – en principe ! – proscrits. Vive les palmes ! Ce simple instrument de propulsion nous donne la liberté d’aller chatouiller des vagues dénuées de planches ! Quel bonheur…Nous autres, bodysurfeurs, rêvons d’avoir nos propres zones, de part et d’autre des baignades surveillées, par exemple, où ne seraient admis que les nageurs munis de palmes. Entre bodysurfeurs, nulle compétition, nul vol de vagues, nul localisme, rien que de la complicité, du jeu et de la solidarité. Une bouffée d’air frais hors de la cohue surfistique grandissante.

Le deuxième grand danger du bodysurf, c’est évidemment le fameux shore-break, responsable de bon nombre des accidents graves chaque été sur nos plages. Combien tentante est cette vague si proche du bord, parfois parfaite ou massive, mais qui ne supporte pas la moindre erreur. Partir sur la lèvre veut dire être projeté de plein fouet sur du ciment. Attention au rachis ! Chaque année, d’intrépides ou d’inconscients baigneurs sont victimes de ces mâchoires liquides et de la dureté du sable humide. Pour des raisons identiques, éviter de faire une pirouette avant en fin de vague, cela expose inutilement la tête et la colonne. Pour éviter le choc frontal avec le sable, mieux vaut partir de travers en choisissant si possible le sens du déferlement. En cas de chute, le fait d’impacter le fond sur le côté diminue considérablement les problèmes de traumatismes cervicaux.

De la même façon, une vague qui pète sur très peu d’eau ou sur des cailloux, peut s’avérer dangereuse pour le bodysurfeur projeté contre le fond. Épaules luxées en promo. Demandez à John Wayne : c’est à cause d’un stupide accident de bodysurf à Balboa Pier que ce futur champion de football américain a décidé d’abandonner sa carrière sportive pour monter à Hollywood et y chercher du travail… Comme quoi, un accident peut mener à tout, et vive le bodysurf une fois de plus !

Dans l’ensemble, les accidents sont potentiellement dangereux mais rares en proportion des nombreuses vagues que l’on peut prendre lors d’une session. Le meilleur exemple vient d’ailleurs du président américain qui, lors de sa tournée électorale, n’hésita pas à prendre quelques vagues en bodysurf à Sandy Beach à Hawaii. En résumé, le bodysurf offre une liberté incroyable : pas besoin de planche ! On se sent à l’aise, libre de tout instrument. Le bodysurf est le SEUL sport de glisse que l’on puisse pratiquer nu, sans AUCUN accessoire. Il est très probablement à l’origine même des autres sports de glisse. C’est un échange sensuel et intelligent avec l’océan, une façon nouvelle de l’approcher, de flirter, de jouer avec lui, de se fondre en lui. Il y a une pureté dans ce sport/art, loin des marques, du surf-business et de la compétition, qui le rend d’autant plus beau et précieux dans le monde d’aujourd’hui.



Hugo Verlomme a publié de nombreux livres sur l’océan et la glisse. Il est coauteur avec Marc Muguet du livre Passion Bodysurf avec les photos de Laurent Masurel et d’Aquashot (www.editions-yago.com), et ils ont créé ensemble la Confrérie des Pieds palmés (www.les piedspalmes.com). Son dernier livre (coauteur David König), Îles tragiques, Histoires terribles et merveilleuses vient de sortir aux Éditions Arthaud. En mai : Le Secret du capitaine Killian, chez Gallimard-Jeunesse. 



Vidéo Google :
Scenes du film de Chris Malloy "A Broke Down Melody". Kelly Slater et la légende vivante du bodysurf Mark Cunningham parlent bodysurf en Indonésie.

A retenir

Le vrai danger en bodysurf, ce sont les surfeurs. Les surfeurs debout, sur leurs grosses planches dures et pointues, lancées à pleine vitesse sur nos petits crânes d’œuf. Souvent, les surfeurs ne nous « voient » pas. À leurs yeux, nous sommes de simples baigneurs égarés ou des objets flottants en travers de leur course. Pour eux, nous ne représentons jamais un danger. Certains bodysurfeurs choisissent ainsi de porter un casque lorsqu’ils se mêlent de près aux surfeurs.

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Passion Bodysurf par Hugo Verlomme, Marc Muguet et Laurent Masurel.
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